Zombie (2018-2020) : Soixante-huit oeuvres uniques.
De la lumière aux ténèbres, des ténèbres à la lumière.
Le « Zombie » – selon les croyances vaudou originales – est un homme mort réanimé par un puissant sorcier qui en prend le contrôle. Cependant, les zombies des temps modernes ayant perdu leurs maîtres se contentent de rechercher des proies dans un monde civilisé tout en provoquant une panique extrême. Ce n’est donc pas un hasard si Jean-François Lepage a donné ce titre à sa série. Pour lui, ZOMBIE est une métaphore pop-culturelle qui suggère qu’une chose ancienne, comme une oeuvre d’art, une photographie, peut être ressuscitée, réutilisée pour revivre tout en gardant les traces de son éternelle « décomposition ». Par là même, ce processus de réinterprétation, par la peinture, la destruction et la transformation, créé une nouvelle qualité esthétique.
Jean-François Lepage (1960-), qui a pratiqué la photographie de mode au début des années 80, s’en éloigne en 2014 pour créer des oeuvres uniques par l’utilisation de techniques propres aux arts plastiques. Pour sa première série « Prelude » (2014-2017) puis la seconde « Zombie » (2018-2020) – présentée à la galerie TOBE en 2020 – il utilise le terme « recycling » signifiant que cette nouvelle phase de son travail, orienté fine art, lui permet de considérer ses archives photographiques comme de la matière brute. Le résultat est une série polyvalente d’oeuvres d’art qui transforment complètement le caractère de l’image originale. Ces photographies représentent principalement des jeunes femmes – des modèles de son époque de photographe de mode – le sujet est alors complètement obscurci par une couche de peinture, sombre ou colorée, appliquée sur la surface de l’épreuve. Ainsi masquée, l’aspect original de la photographie n’apparaît plus que partiellement, tandis que l’esthétique de la photographie de mode devient totalement invisible, cédant la place à une représentation plus sombre de l’être humain du 21 ème siècle, avec une peau, un visage et un corps ostensiblement bouleversés. Ces oeuvres nouvelles qui s’apparentent désormais plus à des peintures, remplaçant leurs références à l’histoire photographique par des associations picturales, nous suggèrent qu’en définitive la photographie et la peinture ont le même propos. Transmettre, que le monde dans lequel nous vivons est porteur d’espoir, même si nous souffrons tous de conflits intérieurs qui laissent involontairement des traces sur notre apparence. Jean-François Lepage nous montre que la beauté est infiniment plus complexe et qu’en définitive elle n’apparaît peut-être pas dans de belles lignes, mais dans l’incertitude de l’équilibre intérieur.
Zsolt Petrányi, 2020 – historien d’art
Depuis 2011, Zsolt Petrány est responsable de la section arts contemporains de la Hungarian National Gallery.
Événement :
UNSEEN Photo Fair 2019
Amsterdam, Pays-Bas
20-22 SEP 2019
TOBE Gallery